Vendredi 12 janvier
Texto de mon homme : « Mochat, mon collègue me dit que c’est pour ce week-end ! »
Oui mon mec m’appelle mochat, surnom que je donnais à Virgule et qu’il s’est accaparé.
Et oui son collègue est médium et plutôt bon dans le domaine. Il avait prédit à Anthony qu’un changement allait se produire dans notre vie en 2018 et qu’on allait changer d’appartement car on se sentirait trop à l’étroit. Alors bien évidemment le fait qu’il pense que ce soit pour ce week-end, j’y croyais. J’étais toute excitée, d’autant plus qu’une amie, elle aussi sensible à tout ça, avait senti qu’elle arriverait le 14 janvier, le dimanche du fameux week-end en question. J’étais donc doublement excitée surtout que la date du terme était 4 jours plus tard. Je commençais vraiment à tourner en rond avec ce gros ventre qui me tirait sur le dos et m’empêchait de bien dormir. Et je trépignais d’impatience à l’idée d’enfin la rencontrer. Anthony est rentré tard ce soir là, pour finir tout ce qu’il avait à faire au travail, lui aussi y croyait fort.
J’ai fait quelques dernières petites photos de mon ventre et j’ai peaufiné ma valise. Enfin nos valises.
Samedi 13 janvier
On s’est reposé, on a tout bien rangé pour son arrivée puis on a fini par aller faire un peu de shopping pour la faire sortir. On s’est acheté des fruits de mer, notre plat préféré et pour la petite anecdote, c’est avec ce repas que monsieur m’a séduite lorsqu’il m’a ouvert les portes de son appartement pour la première fois. Bref, on était bien. J’étais bien. Je me sentais sereine, totalement prête. Après le dîner, Marcel a voulu jouer et quand il a envie, c’est toujours moi qu’il vient voir. Je me suis dit qu’après tout, me bouger un peu avec lui allait peut-être vraiment la faire sortir. Est-ce que tout cela a joué ? Aucune idée. Une chose est sûre, je suis pratiquement persuadée que le fait d’avoir communiqué avec elle pendant ma grossesse nous a aidées à nous mettre d’accord sur le moment. Ce moment. Que selon moi, nous avions choisi toutes les deux. Comme je dis toujours, il n’y a pas de hasard dans la vie. J’étais prête, papa était à la maison, prêt lui aussi, et elle a senti que c’était maintenant.
Dimanche 14 janvier.
1h00 : On s'est couchés. Comme d’habitude j'ai peiné à trouver le sommeil. J’ai tourné en rond pendant deux heures environ puis d’un coup, j’ai eu très envie de faire pipi. Mais une envie différente de d’habitude. La perte des eaux ? Ni une ni deux, je me suis levée, j’ai couru aux toilettes mais rien d’anormal, du coup fausse alerte. « Si j’ai réussi à me retenir, c’est que ça ne devait pas être ça, dans les films ça coule toujours à flots. ». Enfin du moins c’est ce que j’ai cru sur le moment. Mais je pense que j’ai bien perdu les eaux à ce moment précis. On est censé aller à l’hôpital dans les deux heures qui suivent la perte des eaux, chose que je n’ai pas faite. Je me suis recouchée.
3h30 : Je commençais tout juste à m’endormir quand j’ai commencé à sentir comme une douleur de règles. Cette fois-ci ce n’était pas dans ma tête, je venais de sentir ma toute première contraction. À partir de ce moment, un tête à tête avec moi-même a commencé. Je me faisais les questions et les réponses. Je ne voulais surtout pas réveiller Anthony, je le voulais en forme. Parce qu’un homme fatigué n'est pas toujours simple à gérer et que j’avais un bébé à sortir.
3h40 : Deuxième contraction. Beaucoup plus forte celle-ci. Je suis tout de même restée couchée. “Dommage je n’aurais pas dormi du tout. J’aurais aimé être en forme pour son arrivée mais tant pis”. J’étais bien trop contente pour m’attarder sur ce détail.
3h50 : “Tiens, si je faisais un peu de shopping pour me changer les idées et ne surtout pas penser à la prochaine contraction.” J’ai donc rempli des paniers sur plusieurs sites, en me faisant plaisir avec des pièces que je n’avais pas pu mettre pendant plusieurs mois.
4h00 : Je commençais à me tortiller dans tous les sens à chaque contraction pour trouver la position dans laquelle je me sentais mieux. Pour ne pas réveiller Anthony, je me suis éclipsée de la chambre, j’ai continué mon shopping. Quant à mon corps, il a continué son travail. Un travail de plus en plus douloureux.
4h15 : Marcel est venu me faire des calins et Virgule m’observait au loin depuis son tipi, je suis sûre qu’ils avaient compris.
4h30 : Le shopping était devenu trop compliqué à gérer avec ces contractions de plus en plus intenses. Mais pendant les cours de préparation, on m’avait dit que les premières phases de l’accouchement pouvaient durer très longtemps, il fallait donc je patiente encore un peu.
5h00 : “Et si je prenais un bain ? Il parait que ça soulage et que ça accélere le processus. Puis je pourrais me laver les cheveux, comme ça je serai toute propre”. Les chats m’ont suivie, ils adorent que je prenne des bains.
5h30 : Anthony a passé la tête dans l’entrebaillement de la porte : “Bah qu’est-ce que tu fais ?”
“Je prends un bain pour me détendre, tu sais, ça commence, mais ne t’inquiète pas, va te recoucher!”. Sur le coup, je n’ai pas compris qu’il n’avait pas compris.
5h45 : Je suis sortie du bain, les contractions étaient de plus en plus rapprochées.
6h00 : J’ai vérifié sur internet dans quelle phase j’étais, en chronométrant l’intervalle de mes contractions. Bon, je ne savais pas trop mais c’était tout de même assez rapproché. Je commençais à avoir très très mal et à être un peu perdue. Quand est-ce que je devais aller à la maternité ?! J’ai envoyé un sms à ma mère en me disant qu’elle était peut-être déjà réveillé, elle qui ne dort pas beaucoup.
“Maman, tu dors ?”
“Non, pourquoi ?”
“Les contractions ont commencé vers 3h, tu penses que je dois aller à la maternité ?”
“Non, attends encore un peu”
Puis elle s’est carrément rendormie, sereine à l’idée de rencontrer enfin sa petite fille. Normal. Merci pour le soutien, hein !
6h45 : Je suis allée péniblement me préparer, j’avais envie d’être jolie pour accoucher. C’est pas un moment très glamour alors autant que je me sente bien. J’ai séché mes cheveux et j’ai mis un peu de mascara. J’ai terminé de faire ma trousse de toilette et j’ai attendu 7h pour enfin réveiller Anthony. 7h c’est une heure convenable pour réveiller un futur papa non ?
7h00 : J’ai ouvert la porte de la chambre, “mochat (oui moi aussi du coup je l’appelle comme ça) il est 7h, on va y aller.”
“Aller où ?”
“A la maternité, voyons !”
“Comment ça ? Mais tu es sûre que c’est maintenant ?”.
J’aurais dû m’en douter, il n’avait pas compris. Bref, il s’est levé et m’a demandé si il avait le temps de se laver les dents. Il avait l'air plus paniqué que moi. Assise dans ma position de soulagement, c’est-à-dire sur l’accoudoir du canapé en faisant des petits cercles avec mon bassin, je lui ai dicté ce qu’il devait faire.
7h30 : C’est le moment de partir, le taxi arrive. J’enfile difficilement mon jean préféré de grossesse. Mauvaise idée. Je me précipite dans les toilettes pour vomir. J’entends Anthony paniquer et me demander si c’est normal. Je n’ai pas envie de répondre, je commence vraiment à ne pas être bien. Je renfile mon bas de pyjama, après tout je suis en train d’accoucher, j’ai le droit de sortir comme ça.
7h40 : On est prêts à sortir, mais il y a le petit détail des 5 étages à descendre. Une contraction arrive, je cours m’assoir sur l’accoudoir du canapé pour attendre qu’elle passe. Elle passe, je me précipite dans l’escalier.
8h00 : Le taxi est là, il a tout de suite compris en nous voyant sortir avec tout notre attirail et mon gros ventre. Il me dit vouloir rouler doucement pour pas que je ne sois trop secouée, alors que je lui demande de se dépécher. Je ne suis plus tellement sereine. “Et si finalement j’arrive trop tard et que l’on ne me fait pas la péridurale ?!”
8h30 : Après quelques paperasses et un prélevement d’urine, on m’osculte enfin entre deux contractions où je me tortille de douleur. Puis, l’infirmière nous dit l’air assez surpris que j’ai super bien tenu, que je suis déjà dilatée de 3cm, que j’ai perdu les eaux et que je vais donc pouvoir aller directement en salle de naissance. “YOUPI”.
9h00 : On nous a installés dans une pièce avec tout plein de matériel et un siège central. Le mien. Je me souviens qu’à ce moment précis, j’ai fait un arrêt sur image et je me suis dit “Ouah, je vais accoucher. A-CCOU-CHER. Ce truc qui nous a toujours terrorisé et fasciné à la fois.”. Puis, j'ai vite été rappelée à l'ordre par la douleur. J’ai commencé à réclamer la péridurale qui n’arrivait pas assez vite à mon goût et j’ai fini par devenir sèche avec le personnel médical et avec Anthony à qui je broyais la main à chaque contraction.
9h15 : J’ai enfin eu la péridurale. Le BON-HEUR. Je peux vous dire que toute cette peur autour de l’aiguille disparait totalement avec la douleur et l’envie d’être soulagée. J’ai eu la chance qu’elle fasse effet aussitôt, j’aurais pu m’endormir en une fraction de seconde. Mais nous avons commencé par faire un petit selfie que nous avons envoyé à nos proches pour leur annoncer la bonne nouvelle, juste avant de partir dans un profond sommeil. Puis la sage femme est venue vérifier toutes les heures où j’en étais. Apparemment, le travail avancait très vite. Tant mieux. Jusqu’à présent, tout se passait exactement comme je l’avais visualisé.
12h00 : On commence à me dire que le coeur du bébé ralenti beaucoup trop et qu’il va falloir rapidement la sortir. Ok. Je garde mon calme, au fond de moi, je sais qu’elle va bien. Je sais que tout va bien se passer.
12h20 : Tout le monde s’active autour de moi. J’ai du mal à suivre mais je ne cherche pas trop à savoir. Il y a de plus en plus de monde dans la pièce, j'ai l'impression qu'ils sont une quinzaine. Rien que ça. Ca ne m'effrait pas, bien au contraire, ça me rassure. On me présente un médecin. Je comprends que c’est celui qui doit me faire une césarienne si jamais ça se passe mal. Ok. “Chloé, concentres-toi, tu vas la sortir sans problème et rapidement”
12h21 : C’est le moment qu'Anthony a choisi pour aller faire pipi. Normal.
12h25 : On me dit que je vais pousser. Je commence à stresser. “Euh, on peut attendre mon copain ?”
12h30 : Anthony est revenu, il se met à ma gauche, presque au dessus de ma tête. Je ne veux pas qu’il voit quoique ce soit. On m’explique que je vais pousser. Que je dois vraiment tout donner pour la sortir rapidement. Une infirmière s’est installée à ma droite pour sentir mes contractions, que je ne sens pas grâce à la péridurale. Une première contraction arrive, je pousse trois fois dessus. On me dit que c’est génial, que je pousse super bien. Deuxième contraction, je pousse de nouveau trois fois. Apparemment la tête est déjà sortie. Ils en reviennent pas. Ils me disent que c’est extrémement rare pour quelqu’un qui n’a jamais eu d’enfant.
12h39 : Troisième contraction, ses épaules sont passées et en une poussée elle est dehors. ELLE EST NEE. Mon bébé, notre bébé est enfin là.
On me la met sur moi. Elle ne pleure pas. Je ne vois pas. Pourtant je sais qu’un bébé doit pleurer. Je suis heureuse. Sonnée. Assommée. Soulagée. Tout est allé si vite. Anthony coupe le cordon. Puis on nous la reprend, pour aller la réanimer. Je me mets à pleurer à chaudes larmes, de bonheur et de soulagement, j’avais terriblement besoin de pleurer. D’évacuer. De relâcher tout ce que j'avais encaissé depuis 3h du matin. Je ne réalise toujours pas. Le medecin qui devait éventuellement me faire la césarienne me redemande si c’est mon premier enfant, je crois que lui non plus ne s’en remet pas. Puis on m’explique qu’elle est sortie trop vite. "Bah faut savoir !". Et que du coup elle n’a pas eu le temps d’évacuer ses glairs, qu’il n’y a rien de grave et qu’ils vont juste la nettoyer. Ok. Je leur fais confiance, ils ont l’air hyper zen. Ils demandent à Anthony s'il veut les suivre car ils vont la garder pendant une heure en observation. Anthony ne veut pas me laisser. Il ne trouve pas ça juste que je ne puisse pas venir. J’insiste pour qu’il y aille, je veux qu’elle sente sa présence. On m’a réappuyé sur le ventre pour sortir le placenta. Puis après une petite toilette, je me suis sentie très seule d’un coup. Tout le monde avait déserté. Et moi je devais attendre qu’elle puisse revenir. J’ai donc pris mon téléphone et j’ai envoyé des messages à mes proches pour les prévenir. Mes parents ont sauté dans leur voiture. Anthony faisait des allers et retours pour me montrer des photos. Il était tout excité. Et moi j'avais hâte tellement de la revoir. Puis, ils l’ont enfin rapportée et me l’ont mise sur moi pour la première tété. C’est fou comme c’est instinctif. Tout l'est d’ailleurs. Au fond de moi, je savais que tout serait simple et naturel. L'accouchement tout comme la maternité. Je le sentais si fort. Il suffit simplement de s’écouter, de revenir à l’essentiel et tout devient évident.
Et tellement magique.
Merci Romy d'être arrivée dans notre vie.
La toute première photo de Romy prise par Anthony.
Lorsqu'ils me l'ont mise sur moi pour la première tété.
Les premières photos que j'ai faites, lorsqu'Anthony et la puéricultrice l'ont habillé.
Pour son tout premier réveil, un superbe ciel rose est venu lui souhaiter la bienvenue.
Mon plus beau réveil. Le début d'une nouvelle vie à trois qui promet d'être tout simplement magique.