Un déclic.
Il y a 3 ans, le film documentaire TERRA réalisé par Yann Arthus-Bertrand (sorti en France fin 2015) m’a profondément marquée. Clap de fin, générique… Je me suis tournée vers Anthony pour lui dire qu’il fallait qu’on aille plus loin. Nous étions alors en 2018 et j’avais pourtant déjà l’impression d’avoir pas mal changé mon mode de vie. Le nôtre, et celui de notre famille. Mais j’ai eu envie d’en faire plus et de faire mieux. Je ne m’étais pas encore réellement penchée sur la mode. On pourra mettre ça sur le compte de mon amour pour les "tendances" même si ce n'est pas une excuse. S’engager pleinement en faveur d’une mode écoresponsable, celle qui selon la définition, vise à limiter notre impact négatif sur la planète, est un sujet aussi vaste qu’épineux. Mais à la fois tellement important.
Je ne prétends pas détenir la meilleure solution mais j’ai tout simplement envie de vous partager ici mon inventaire sur la mode écoresponsable et durable. Voici ce que je prépare depuis longtemps alors il était temps de tout mettre à plat pour vous proposer ce condensé évidemment non exhaustif de mes lectures, de mes recherches et analyses. J’ai aussi envie de vous détailler certaines de mes actions : entre pistes d’amélioration et solutions concrètes. Le premier constat est qu’il faut tout repenser. Et changer ensemble, car c’est ensemble que nous ferons bouger les choses.
Poser les bases : une industrie ravageuse
100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. Une production qui aurait doublée en début de siècle sur la période 2000 à 2014 (source ADEME). Ce chiffre me donne le vertige. On nous le martèle souvent : l’industrie du textile serait la 2ème la plus polluante au monde après celle du pétrole. (Attention tout de même avant de reprendre cette information que l’on ne peut pas réellement vérifier selon l’article paru sur le site The Good Goods). Mais qu’importe ! On l’imagine, on le voit et malheureusement on y participe : l’industrie de la mode a bien évidemment un impact négatif sur planète. Elle émet plus de gaz à effet de serre (1,2 milliards de tonne) que le secteur des transports (vols internationaux, transports maritimes…). Et c’est également la plus polluante en matière de pesticides. Par ailleurs, la fabrication de nos vêtements est ultra gourmande en eau : pour fabriquer un simple tee-shirt en coton, par exemple, il faut environ 2700 litres d’eau. Et pour un jean, comptez plutôt autour de 7000 litres. 7000 !!! Alors pensons à cette « eau virtuelle » (l’empreinte hydrique, c’est-à-dire la demande en eau des produits de consommation courante) dès que nous achetons un vêtement. Et comme l’écrit si bien Gregory Pouy dans son ouvrage « Insoutenable Paradis », paru en 2020 : « s’il y avait écrit sur les étiquettes des jeans ou des tee-shirts, le nombre de litres d’eau nécessaire à leur fabrication, peut-être que je me dirais que, non, je n’ai pas besoin d’un T-shirt de plus". Et d’où l’intérêt surtout d’acheter si nécessaire, un t-shirt qui nous durera plus longtemps. Et tout ce laïus, sans parler des conditions de travail souvent indignes.
Et le lavage dans tout ça ?
Ce dont on parle moins souvent en revanche, outre la fabrication ravageuse pour la planète et des conditions de travail souvent révoltantes, c’est le problème du lavage de ces mêmes vêtements. Un bien vaste sujet à lui seul. En effet, selon la fondation Ellen McArthur, chaque année le lavage rejette 500 000 tonnes de microfibres plastiques (qui proviennent de vêtements en fibres synthétiques) dans l’océan – qui j’aime à le rappeler est le vrai poumon de notre planète. En clair : on s’intoxique ! Mais là encore, lorsque l’on creuse le sujet, des solutions existent. Par exemple l’utilisation d’un sac de lavage (Guppyfriend bag), 30 euros environ à l’achat, qui retient les microplastiques, lors du passage en machine de nos textiles synthétiques. Il suffit ensuite de jeter à la poubelle les microplastiques récupérés après plusieurs machines. Attention toutefois à utiliser une bonne lessive (voir notre recette de lessive maison) à refuser celles qui rejettent des substances toxiques mais surtout à ne pas laver trop souvent ses vêtements.
Trier. Recycler.
Nous en achetons deux fois plus qu’il y a 15 ans mais gardons nos vêtements moins longtemps. Chaque année un français moyen achète 9,2kg de vêtement et n’en trie que 3,2kg (selon l’ADEME). De plus, on recycle finalement très peu nos vêtements car selon certaines études, 70 % d’entre eux finiraient à la poubelle. D’où l’intérêt d’acheter mieux, moins ou sinon d’occasion. Et bien-sûr de leur donner une seconde vie quand ils n’ont clairement pas été assez utilisés. Il est important de rappeler qu'aucun vêtement, même le plus abimé, ne doit finir dans la poubelle. Réparer nos vêtements est aussi une jolie manière de les garder plus longtemps. Les accros et autres trous de mites sont à réparer (soit par un membre de votre famille ou votre retoucheur de quartier).
Un début de solution
Il n’y a pas de solution miracle, uniquement une série d’actions plus censées et responsables : recycler ses vêtements et …en acheter moins. C’est radical, mais cela reste la meilleure façon de ne pas polluer. Pour s’habiller, on choisit de belles marques, de beaux modèles et de belles matières. On pense et imagine son vêtement sur la durée. On essaie au maximum de limiter son emprunte carbone, on boycotte certains matériaux ultra polluant pour favoriser les matières naturelles (peu transformées). Bref, on choisit des pièces que l’on aime et que l’on entretient intelligemment (lavage à bonne température, réparer et rapiécer…).
Pour aller plus loin :
Un film documentaire : Et si jamais vous avez envie de voir l’envers du décor du milieu du textile en image, le documentaire TRUE COST est parfait pour ça.
Un livre : Le guide de la mode écoresponsable par Alice Lehoux & Natacha Ruiz (2019), Une mode éthique est-elle possible ? de Majdouline Sbai (2018) et Mon dressing heureux de Céline Séris.
Un média : The Goodgoods.fr
Un compte Instagram : The Greenimalist
Un podcast : Nouveau modèle : https://www.nouveaumodelepodcast.com
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Un grand merci à mon amie Justine Villain qui m'a aidé à écrire cet article, qui serait certainement resté au stade de brouillon !
Crédit photo : Clothilde Redon